Bookmark and Share

Une Interview avec BUCK 65
Leeds, CARLING WE, Août 2003

Questions Martin & Elsa

         

A l’occasion de la sortie de son nouvel album Talkin Honky Blues, Buck 65 revient sur l’essence de ses chansons, Tom Waits et la France qu’il dit adorer.

Ta musique est marquée par l’honnêteté, la fraîcheur, l’originalité. C’est quelque chose dont tu as conscience…

Je suppose, j’essaie juste de faire ma musique de la façon la plus honnête possible et c’est en cela qu’elle est différente, je ne m’efforce pas d’être original ou différent des autres, j’essaie juste d’être moi même et les gens semblent apprécier cette démarche. J’ai beaucoup de chance, c’est surprenant de voir que des gens s’intéressent à ce que je fais.

Tu expliques ce désir d’être honnête ?

Aujourd’hui j’ai plus de trente ans, je suis blanc, ça je ne peux pas le cacher, j’ai grandit à la campagne, mon expérience est très différente des musiciens qui ont toujours été citadins. Mon expérience et ma personnalité sont concentrées et exacerbées dans les chansons que je fais, avant tout je reste fidèle aux valeurs qui sont miennes. Je ne peux pas me comparer aux rappeurs noirs, je n’ai pas le même approche de la musique qu’eux. Je ne souhaite pas essayer d’être une autre personne, souvent ça se sent et vraiment ça ne le fait pas.

Ton approche du hip hop est beaucoup plus sensible que tout le gansta rap qui marche bien en ce moment, il y a un effort littéraire côté paroles où l’imagination côtoie des sujets plus personnels. Où puises-tu ton inspiration ?

Les livres que j’ai lus et les films que j’ai vus constituent une influence majeure, mais depuis quelques années, depuis l’album Square, je voyage presque constamment ce qui se ressent énormément sur ma musique. J’aime beaucoup observer les gens, je traîne souvent dans les gares et les aéroports, je reste la à regarder et m’imprégner des situations et des comportements. Mais mes paroles ne sont pas contemplatives ou descriptives, j’essaie avant tout d’apporter quelque chose de réfléchi, et de conserver me musique simple, le rap qui débite à 1000 km/h, ce n’est pas pour moi, et lorsque je veux exprimer une idée j’évite de me noyer sous les mots, je tente de la retranscrire de la façon la plus accessible possible. Smart and simple.

Une chanson comme Stella, qui parle d’une petite fille souffrant d’inceste reflète cette honnêteté et accessibilité qui te sont chères.

 Cette chanson est basée sur le vécu d’une fille que je connaissais lorsque j’habitais dans la ville où j’ai grandit en Nova Scotia (Nouvelle Ecosse, Canada). A partir du moment où j’ai une idée, un concept, un message, même s’il est politique, je tente d’être subtil. Pour cela je raconte des histoires plutôt que d’asséner des propos, ainsi les gens ressentent la même chose que toi plutôt que de leur dire quoi ressentir, pour peu qu’ils écoutent. Faire ressentir une émotion est toujours plus fin que de la raconter brutalement. Je raconte beaucoup d’histoires dans mon dernier album, c’est quelque chose qui m’est venu très naturellement.

Il y a un sujet qu’on ne peut éviter, c’est celui de ta voix, de plus en plus il semble que tu la forces, la travailles pour lui donner de la matière, l’abîmer, de ce fait elle fait penser à celle de Tom Waits. C’est quelqu’un qui t’inspire beaucoup, si tu devais choisir une chanson de lui, laquelle serait elle ?

C’est une question difficile, ça change tout le temps, mais dernièrement ma préférée serait A soldier’s thing qui je pense est sur Swordfishtrombones. J’aime beaucoup aussi Singapore dont j’ai fait une reprise il y a longtemps mais qui n’est pas sorti, je reviens aussi beaucoup à Gun Street Girl sur Rain dogs que j’aime bien. Pour ce qui de ma voix, je fais beaucoup de concerts, je suis sur scène presque tous les soirs, je ne cris pas bien sur, mais j’use ma voix, je la mutile presque. Vous pouvez l’entendre maintenant, elle est comme cassée. Je l’aime comme ça. Si je ne joue pas pendant une longue période elle se répare. J’ai longtemps détesté ma voix, alors j’espère qu’un jour elle restera comme ça, éraillée. On m’a raconté que les acteurs hollywoodiens  qui avaient une voix faible était envoyés dans une pièce où ils devaient hurler à longueur de journées jusqu'à ce leur voix se casse. Parfois je me dis qu’avant de m’endormir je devrais peut être hurler dans mon oreiller une heure ou deux …

L’année dernière tu as vécu presque un an à Paris,  pourquoi avoir choisi cette ville en particulier ?

Pour des raisons personnelles, j’ai eu besoin de changer d’environnement, d’air. Lors d’une de mes tournées j’avais eu l’occasion de passer par Paris, j’avais tout de suite adoré cette ville, je m’y étais senti bien, je n’ai donc pas hésité à aller y vivre pour quelque temps. J’ai aussi pensé que cela pouvait être positif pour ma carrière, puisque deux de mes plus grandes influences, Tom Waits et David Lynch, sont très reconnus en France. Cela s’est vraiment bien passé, notamment avec les gens et j’ai eu l’impression que les français m’aimaient bien aussi ! C’est une ville qui m’inspire et me rend heureux, c’était un donc un peu dur de partir, j’espère bien y retourner vivre un jour, bientôt j’espère. J’envisage d’écrire une chanson en français, juste pour les bons moments que j’ai pu y passer et le soutien que j’ai reçu de la part des français.

Quels sont les artistes français que tu aimes plus particulièrement ?

Comme la plupart des gens, je suis fan de Serge Gainsbourg. A Paris j’habitais à Saint Germain des Près, toutes les semaines j’allais me promener dans le cimetière de Montparnasse où je ne manquais jamais de passer devant la tombe de Serge Gainsbourg. J’aime aussi beaucoup Sébastien Tellier, j’espère un jour le rencontrer et faire quelque chose avec lui. Tout comme Mr. Ozio dont j’aimerais qu’il remixe une de mes chansons. J’adorerais rencontrer Carla Bruni et la demander en mariage…

Je crois bien qu’elle est prise malheureusement, et elle a un bébé …

Oh, j’ai pas mal de charme, je suis sur que…Elle est très jolie, mais c’est surtout son album que j’adore. Je déteste dire ça mais j’ai été très agréablement surpris par son album, je ne savais pas à quoi m’attendre et résultat : c’était l’un de mes albums préférés au moment où je l’ai acheté.

As-tu profité de ta vie à Paris pour écrire des chansons ?

Une large part des paroles de Talkin’ Honky Blues ont été inspirées par mon expérience en France, j’espère que les gens pourront le remarquer ici et la. Pour la première fois tous les textes sont dans le livret de l’album, j’ai fait ce choix en pensant tout particulièrement aux français car je veux que l’on puisse passer du temps sur les chansons afin de pouvoir les comprendre. On avait aussi parlé d’une possible traduction en français des paroles, mais j’ai eu un peu peur du résultat et de ne pas pouvoir le juger.

(Interview réalisée par Martin & Elsa)

 
 
MP3.com en Français

News | Labels | Sélection | Dossiers | Chroniques | Photos | Sons/MP3 | Netradio |Sommaire | Contact
C in a circle SoitDitEnPassantEntertainmentWorldwide company.