SDEP Labels - Foehn | ||||||||
Un label sans qui la musique ne serait pas ce qu'elle est devenue: Foehn Records (par Quentin) C’est en 2001 qu’une structure barcelonaise voit le jour, afin de promouvoir une musique atypique, de lancer des groupes ayant une vision à eux de la pop, du post rock et des musiques électroniques. Son nom, Foehn Records. La label a pour but de découvrir des nouveaux talents qui ‘surprendront par leur maturité’ et par leur manière de toucher à nos émotions. Parallèlement, Foehn distribue en Espagne des labels de qualité. Avec 7 références, Foehn a définitivement acquis une notoriété pour la qualité et la singularité de ses productions. Le site Internet est à la hauteur des ambitions, esthétiquement irréprochable et offrant une première approche qui donne forcément envie d’en savoir plus. Petit tour du proprio. Ursula, La banda sonora de mi funeral (11/2001) Une des plus grosses claques depuis Migala. La banda sonora de mi funeral est un disque sombre, tendu et en retenu, qui lorgne sur un slow core aboutit et méditatif et s’évade vers un post rock latent. David Cordero nous montre tous ses talents, aussi bien en matière de songwriting que de chant. Les accompagnements instrumentaux (accordéon, mélodica, piano, guitare) sont aussi profonds que terrifiants et Ursula, dès son premier album acquiert une reconnaissance énorme et laisse espérer beaucoup. Balago, Erm (11/2001) Balago, il y a plus d’un an signait une lente procession à travers nos sens grâce à une musique visuelle et profonde. Erm, album minimaliste entre post rock et électronique, s’agrippe à nos songes et, dans une vague de noirceur, les supplante. Le début est tout simplement parfait. Adf et Carlota sèment le trouble, grâce à une musique spectrale, rappelant Dakota Suite et Labradford. C’est en silence que Balago mystifie. De longues et épiques visites, dominées par une guitare habitée se jouant de ses convives (clavier, séquenceur, sampler) et de ses auditeurs. Des nappes se dégagent d’un synthé habilement manié et aide à lever une brume tenace. Erm emprunte des virages, des voies qui découvrent des horizons extrêmement vastes. Pendulos, morceau en plusieurs phases, adopte une attitude un peu plue bruitiste avant de larder un sample et de se recentrer sur un final épuré. Balago fait basculer ses propres morceaux en les approchant sous de nouveaux angles. Les envolées de Decla ont les mêmes vertus qu’une envolée de Godspeed you ! Black Emperor. Avec One Mile North, Balago se placent en tête des disques post-rock qu’on a découvert un peu tard en signant un petit monument d’introspection, un bijou de méditation. Tan Low, El deuteragonista (03/2002) Folk poignant, prouvant qu’on peut faire de grandes choses avec simplement une guitare et une voix. Tan Low, alias Pablo Martinez Merino, dévoile ses secrets et ses craintes dans une simplicité étonnante, et se libère de morceaux phénoménaux (I hate everything). Apeiron, Todo sigue intacto (03/2002) D’un bout à l’autre, certains disques se dérobent sous vos pieds sans jamais ne vous laisser tomber dans le vide, vous accompagnent dans un voyage initiatique à travers un monde enchanté, vous offrent un petit état de grâce. C’est le cas de Todo sigue intacto, premier album des galiciens de Apeiron. L’univers d’Apeiron semble assez incernable. Une sorte de mélancolie prend le dessus, appuyée par un mélodica très présent, à moins que ce ne soit une naïveté assumée ou un désir de créer ou de recréer des rêves. Le jeune trio (la moyenne d’âge est inférieure à 20 ans) semble retracer des années perdues à se demander ou était la limite entre illusion et désillusion. Grâce à un mélange dosé savamment entre une guitare acoustique, un piano, une basse et une électronique servant de texture, d’atmosphère, le groupe nous livre des morceaux touchants, surprenants et intrigants. Un chant à la limite du faux mais réellement entêtant (celui de Belen Rodriguez) se marrie à des petites pièces d’électro sensible, à des essais organiques plein d’audace et de fraîcheur. La manière de traiter les instruments et de leur donner un son aussi brute font de Todo Sigue Intacto un album qu’on ne peut écouter que de bout en bout. Difficile de comparer cette musique à d’autres. C’est par bribes qu’on rattache ce disque à Piano Magic, à Múm. Mais ce serait vraiment trop réducteur. Alfa et palabras sin tejado déstabilisent, avec des séries de samples issus de zapping sur les radios grandes ondes. On entend parler allemand, anglais, français, espagnol… sur une musique que je vous invite vraiment à découvrir. Les espaces instrumentaux, au sein même des morceaux, sont des gouffres à émotions et des recoins de plaisir auditif. Jamais le tension ne retombe (Zia, Deneb…), et c’est un final en apothéose qui appose une dernière touche de génie. Apeiron expérimente par ci par là, sans se désintéresser de magnifier une musique désespérée et désespérément trop seule. Polaroïde-Strand (05/2002) Deux groupes d’un collectif (Domestica) se retrouve sur les voies de Plaid et de Cex, accouchant d’une electronica réfléchie et sirupeuse.
Various Artists, Foehn 6 (11/2002) Coup de projecteur sur les groupes du label et sur les labels distribués en Espagne par Foehn. Deux disques ou vous redécouvrirez Tex La homa, un de mes chouchous de l’année, Hood, To Rococo Rot et Chessie, ou vous profiterez d’inédits de Balago, de Polaroïde, et ou vous serez émerveillez par des inconnus : Saucer, Tge Famous Boyfriend, Casiotone for the painfully alone…. L’introduction idéale d’une mine à pépites intarissable. Ursula, Todo vuelve a ser lo que no era (11/2002) David Cordero, tête pensante de Ursula, a passé du temps chez lui a écrire une suite à La banda sonora de mi funeral, album acclamé en Espagne, mais passé inaperçu par chez nous. Il est de ces poètes urbains qui se renient et qui renient le succès, de ces gens abîmé dont l’ultime salut passe par la musique. Il note qu’il ne peut sortir que des disques imparfaits puisque lui même est un être imparfait. Ce sont ses imperfections, ses faiblesses, ses doutes, ses amours déchus et ses peines qui sont narrés dans des textes simples mais fracassants et auxquels on s’identifie aisément. Cordero se déshabille et abuse de lui même. Il ressemble à un Aidan Moffat (Arab Strap) version espagnole, et en joue, en utilisant une boite à rythmes un peu crade et chantant superbement dans sa barbe (A quién quiero engañar). Trompé, souillée, il nous régale pourtant avec ces histoires d’infidélité. Ursula évoque également les madrilènes de Migala, avec des orchestrations riches, raffinées, utilisée avec une certaine science. Samples, boucles et électronique sont les réelles nouveaux ingrédients pour ce second album. L’extraordinaire ‘Dime quién eres’ commence par un discours sur l’importance et la singularité du jazz. Un sample de A silver Mt Zion, violons dehors, fait irruption et se mêle avec ravissement au discours. Des beats presque drum’n bass font ensuite leur apparition avant qu’un rappeur ne pose sa voix pour un final surprenant. Si les influences (Arab Strap, Godspeed you ! Black Emperor, Hood, Notwist, Piano Magic, Coltrane, Migala…) du groupe sont évidentes et peu filtrées, Ursula a la mâturité de les retranscrire avec un habileté et un génie à lui. Mélancolie sur Recuérdamelo mañana ; ballade intimiste et amère sur laquelle Cordero pose sa voix suave et poignante. Le disque est un extraordinaire palette de tons émotionnelles, de couleurs sombres teintées de orange. Ursula se moque des critiques et ironise en intitulant un morceau ‘4, 13, 35 …’, places respectives obtenues dans les playlists de fin d’année dans différents magazines pour La banda sonora de mi funeral. Todo vuelve a ser lo que no era a pourtant, avec ses fêlures et ses défauts avoués, les caractéristiques d’un numéro 1. Foehn : Ce serait impardonnable de ne pas y faire plus qu’attention. |