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Vous
êtes un homme, un vrai, de ceux qui ne se laissent pas marcher sur les
boules.
C'est un petit garçonnet qui vient vers vous, il vous apprend qu'il se
nomme Lionel et vous décidez de faire quelques pas avec lui. Vous devisez
gaiement de politique étrangére avec Lionel qui n'a pas sa langue dans
sa poche. Vous en arrivez à évoquer le problème des trafics de sets de
table Mickey connaissant une certaine recrudescence dans les contrées
de l'Oural. Vous vous sentez proche de Lionel, c'est un être discret et
délicat comme vous, vous partagez avec lui quelques lampées de racines
de chiendent macérées dans du jus de cassoulet de Castelnaudary. Il vous
remercie et vous pouvez voir dans ses yeux une lueur délicate qui manifeste
toute l'affection débordante qu'il vous temoigne. Vous osez seulement
maintenant prendre sa main dans votre paluche poilue. Un frisson vous
traverse l'échine. Vous n'aviez pas connu ça depuis des années; on ne
sait jamais quand l'Amour, la Passion, la Flamme, Râââmmêeehnnn, touche
l'homme de son doigt gominé.
Vous marchez ainsi de ce pas léger qui ne convient qu'aux amoureux, vous
traversez l'avenue du Général Smurtch et soudain c'est le drame :
Joe le cammonieur écrase Lionel avec son trente-six tonnes. C'est
comme si on vous arrachait subitement un quelconque membre de votre superbe
anatomie.
Vous perdez deux points déprime
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