La Route
du Rock #23 |
La Route du Rock de Céline
De retour au fort de Saint-Père après une édition 2012 à la programmation un peu triste, cette année fut réjouissante ! Une météo plus que clémente, 3 jours de soleil et plage, gastronomie toute bretonne, et les quelques rapides averses - parce que nous sommes tout de même à Saint-Malo – étaient plutôt bienvenues pour coller la poussière au sol. Grande nouveauté cette année, une véritable deuxième scène. Celle-ci s’avèrera rapidement assez mal placée, créant embouteillage et goulet d’étranglement entre le stand frites, l’espace labels & fanzine et l’entrée de la grande scène, l’immense queue des premiers jours pour les jetons n’arrangeant rien. On retiendra cependant de vrais bons moments, pour ceux qui auront pu se faufiler jusqu’aux abord de la scène. Les Montréalais de Suuns ont pu déployer leur atmosphère tendue, sombre, électrique, et ont réussi a prendre aux tripes un public qui ne demandait que ça. Zombie Zombie, dirigé par l’habitué Etienne Jaumet, a aussi fait remuer les têtes et les jambes avec un son electro emmené vers une dimension presque tribale voire hypnotique lorsque les deux batteurs, face à face et les yeux dans les yeux, rentrent en transe. Avec deux scènes il faut maintenant courir entre les concerts, l’appel du ventre et du verre vide n’auront permis de voir que de loin les concerts de Allah-Las au son tout Californiens 60’s ou de Parquet Courts, peut-être le groupe le plus attendu cette année, pour ramener le cuir et la sueur du NYC des 70s (avec succès selon les dire de la foule enjouée qui reflue vers les stands à la fin du concert). Sur la grande scène la grande réussite a été Nick Cave & The Bad Seeds. Attendu, l’éternel dandy a été au delà de sa réputation, dès les premiers morceaux au contact debout dans les 1ers rangs, alternant morceaux sauvages et douceurs magnifiques au piano. Les très belles images noir et blancs projetées sur les écrans ne gâchent pas le plaisir. Autre grand moment, les 90 minutes de performance de Godspeed You ! Black Emperor ont partagé les avis. Long et creux selon certains, envoutant selon les autres, un concert du collectif instrumental reste néanmoins une expérience sensorielle difficile à traduire en mots, une évadée de l’esprit, une dilatation des sens. Après avoir avalé quelques huitres (dans le noir, nouvelle expérience sensorielle étrange), on peut enchainer sur Bass Drum of Death : un rock garage délivré par de jeunes hommes chevelus, rien de nouveau ici mais un set très efficace.
Les Gerards (« un collectif individuel ») ont cette année encore dispersés leurs stickers absurdes et jouissifs sur les poitrines (ou autre) des festivaliers, on ricane et on pouffe pas mal en se promenant sur le site ! Le public s’est déplacé en masse pour Tame Impala. Trop bien rodé, le set est un peu mou et sans surprise. Gros son mais faible ambiance. Autre déception avec !!! (CKK CHK CHK) : Déjà venus en 2005, ils avaient enflammé la foule. Cette fois le short (caleçon) est toujours aussi court, la danse toujours aussi drôle, mais la voix est éteinte. Si la performance du groupe est toujours impeccable, le chanteur apparaît fatigué et essoufflé.
On retiendra aussi Efterklang, avec un set classieux, qui laisse entendre le vent du grand nord, Junip, pour les mélodies et arrangements impeccables, Concrete Knives pour la bonne humeur et toute cette énergie enjouée. Les londoniens de Hot Chip font ce qu’on attend d’eux : de vrais tubes, une machine à danser, ça fonctionne.
Enfin, sur les 3 fins de soirées, l’electro prend le dessus (Fuck Button, TNGHT), on retiendra surtout Disclosure : magie du dernier soir, c’est tout le fort de Saint-Père qui s’agite en tous sens, fourmis dans les jambes, étincelles dans les yeux et sourire aux lèvres. Rendez-vous en 2014. par Céline |
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