PRESTON
SCHOOL OF INDUSTRY
" All this sounds gas"
(Domino/Labels)
Pavement
dissout, Scott Kannberg, ombre de Stephen Malkmus à la
guitare, décide de donner vie à son propre projet.
Sans trop s’éloigner de là où il vient,
P.S.O.I. se fraie un chemin tout à lui, grâce à
l’intervention de nombreux instruments : trompette, trombone,
violoncelle…
L’album
reste cependant confiné à une certaine platitude.
Folk rock sans fioritures, paroles acérées et efforts
mélodiques ne saisissent pas franchement même si
All this sounds gas recèle quelques titres appréciables
(Falling away, Encyclopedic Knowledge) pouvant convaincre l’acheteur
potentiel.
MINA.
"A to B"
(Bungalow/Labels)
Krautrock,
disco, post rock, électro pop, laissez mijoter et imaginez
le résultat. Le quatuor berlinois, tiraillé entre
esprit dance-floor et format rock, livre une musique essentiellement
instrumentale, à mi-chemin entre synthétique et
électrique, à mi chemin entre 70’s et 90’s.
A
to B, jouissif à souhait sur certains morceaux (A lover,
Radio) s’essouffle un peu sur la longueur et laisse malheureusement
un peu sur sa faim. Toutefois, on peut envisager un avenir plutôt
clément pour le groupe.
HOOD
" Cold House"
(Domino/Labels)
Hood
est un vieux groupe, si l’on considère qu’il naquit à
la fin des années 80, dans la banlieue de Leeds. Fortement
imprégnés par la new-wave et notamment par Cure,
on soupçonnait depuis lors le groupe de détenir
en lui un grand disque.
En
1999, ‘the cycle of days and seasons’ sort le groupe de l’ombre
grâce à un out-rock proche des premiers albums atmosphériques
de Labradford. On croit ce grand disque éclot, et on croit
s’en contenter.
2001 :
Hood prouve son évolutivité en s’éloignant
du son succès relatif de son dernier album. Ainsi, Cold
house est fortement parsemé d’une électronica somptueuse
(" the winter hit hard "), dont aucun abus
n’est fait ; mais surtout, le quatuor britannique à
eu l’ingénieuse idée d’inviter, sur plusieurs titres,
Dose One, chanteur du groupe de rap underground Clouddead,
dont la voix se prête magnifiquement aux nouveaux espaces
sonores définis par le groupe.
Cold
House s’avère être un disque majeure de cette année,
montrant à Radiohead ce qu’est le changement. De plus,
des titres comme "You show no emotion at all" ou "You’re
worth the whole world" annoncent un genre nouveau, une sort
de post-hop rock.
BERTRAND
BETSCH
"B.B. Sides"
(lithium/Virgin)
Quatre
ans après le très poétique " la
soupe à la grimace ", Bertrand Betsch nous
revient toujours aussi touchant, avec une pointe de rage maîtrisée
en son for intérieur. Sa voix, écorchée
et bancale s’adapte à des textes sur le fil du rasoir.
On trouve sur B.B Sides des reprises bien ficelées, comme
celle de Dominique A (" la folie des hommes ")
ou de Sebadoh (" Punch in the nose "), d’autres
moins indispensables ("Nancy " de Leonard Cohen) ;
mais on trouve surtout des créations personnelles se démarquant
de la chanson française traditionnelle, grâce à
une ambiance singulière, due au traitement des instruments
acoustiques et des boîtes à rythmes.
Un
album qui, à défaut de frapper fort, frappe où
il faut.
VITESSE
"What can not be, but is… "
(Acuarela)
2001
aura donc été marquée par une certaine
nostalgie des années 80 (Superheroes, Zoot Woman..).
Vitesse, duo américain, formé à
Chicago, livre une pop électronique rappelant New
Order, A-ha mais aussi Joy Division.
Cette
pop assume une certaine noirceur, grâce à des
compositions plutôt minimalistes et à des paroles
mélancoliques. Chaque titre est une petite histoire,
une nouvelle traitant d’amours déchus, d’yeux mouillables
et de rédemption. Le tout, sans jamais tomber dans
les travers de la redite ni dans ceux du cliché.
Il
s’agit bien la d’un disque à cœurs ouverts, incluant une
épatante reprise de Bruce Springsteen (Unsatisfied Heart).
What can not be, but is… nous plonge donc dans une retro-pop rarement
aussi réussie, avec des mélodies, des textes et
une voix qui occupent l’esprit avec brio.
LOW
"Anthony, are you around?"
(P-Vine Records/Import)
Low
ne procure jamais autant d’émotions qu’en live, où
l’on peut prendre la pleine mesure de leur musique slow-fi. Il
y règne forcément une ambiance sombre et mystique,
propice à une fusion entre âme et musique.
Toute
la difficulté d’un disque live est de parvenir à
recréer l’atmosphère propre au groupe. Pari réussi
sur cet indispensable Anthony, are you around ?. Enregistrés
à Paris fin 1999, les seize titres nous emmènent
dans un univers unique au groupe.
Le
mariage de vieux titres (Lazy, Rope) à ceux de l’album
‘Secret Name’ (Remember, Starfire…) s’avère très
heureux. On revisite des titres quasi post-rock et on s’imbibe
de cette pop lente et raffinée aux accents folk. On profite
également de titres (presque) inédits à la
splendeur intacte (Joan of Arc, No need), dont on aurait pas pu
se passer.
L’enregistrement
permet de ressentir la ferveur et le dévouement du groupe
pour sa musique et crée une réelle proximité
entre l’auditeur et le disque, si bien qu’on se surprend à
applaudir. Chapeau !
HEFNER
"Dead Media"
(TooPure)
A
l’écoute des précédents singles " the
greedy ugly people remixed by " et " Alan
Bean ", on savait Hefner intéressé par
la musique électronique. Parallèlement, Darren Hayman
confessait sur son site son amour pour Kraftwerk, et prêtait,
un temps, sa voix à l’experimentalisme post-rock de Piano
Magic (single " There’s no need for us to be alone ").
Dead
Media en mains, on ne sait donc à quoi s’attendre,
si ce n’est à une évolution, et ce, moins d’un an
après le remarqué et impeccable " We love
the city " . Les premières secondes du disque
feront perdre les pédales aux adeptes du groupe…les premières
secondes seulement. Car s’il s’agit bien d’un Hefner à
la sauce électro, cette sauce est légère,
peu pimentée mais savoureuse à souhaits, et surtout
parfaitement digérée par le groupe.
Darren
Hayman, dans les textes, explore des thèmes déjà
visités, mais il aurait tord de se priver de cette faculté
à toucher en faisant simple ; déceptions, rendez-vous
manqués, amours impossibles, incompréhension… tout
y passe.
C’est
essentiellement le début de l’album qui se veut digital ;
Dead Media, Trouble Kid et Junk sont les meilleurs exemples des
nouvelles aspirations du quatuor pop. Agrémentés
ça et là d’intermèdes instrumentaux, l’album
révèlera un charme insoupçonné du
groupe. Le single Alan Bean ne peut que toucher, ode au 4ème
homme à avoir marché sur la lune, reconverti en
peintre.
Mais
c’est le Hefner habituel qui emportera les suffrages, et fera
succomber davantage. China crisis, Half a life (tout deux présents
sur des disques rares du groupe), et the nights are long s’inscrivent
parmis les hymnes pop de ces londoniens, dont la liste est désormais
bien longue.
Dead
Media, peut être un peu long à frapper, s’avèrera
décisif d’écoutes en écoutes, et fera finalement
comprendre qu’Hefner est un grand groupe.
A
Silver Mount Zion Memorial Orchestra and Tra-la-la band
"Born
into trouble as the sparkle fly upward"
(Constellation)
Set
fire to flames
"Sings
Reign Rebuilder"
(Alien 8 Recordings)
Le
collectif Godspeed you black Emperor! sort, sous deux dénominations
différentes, deux disques d’une grande amplitude. L’existence
de ces deux sous-divisions témoignent de la liberté
individuelle dont chacun dispose au sein d’une communauté
mystique, constatant et décriant un monde d’aliénation,
où le rêve n’a plus sa place. Le but de leur réflexion
se veut simple : procurer une évasion unique et permettre
chez l’auditeur une introspection profonde.
A
Silver Mount Zion prend, sur son deuxième disque, une
dimension majestueuse, grâce à des montées
en puissance épique, grâce à l’énergie
insufflée à des instruments variés (scie
musicale, piano, violoncelle, contrebasse, guitare). Lorsque des
chants habités surviennent (" Take these hands
and throw them to the river"), ils laissent transpirer une
hargne latente, une violence touchante. L’album libère
de tensions quotidiennes insoupçonnées et donnera
une sorte de foi aux plus cartésien.
Penchant
plus vers l’expérimental, Set fire to flames regroupe,
parmi ses membres, toute la famille de Gospeed (Sackville, One
Speed bike, Fly Pan Am…).Ce pot-pourri s’est réuni pendant
cinq jours, dans un appartement de Montréal, afin de laisser
parler la musique qui était en eux. Les quinze titres ainsi
enfantés suivent eux aussi une trame enchanteresse et hypnotique,
évoquant une sorte de reconstruction architecturale. Travail
d’une grande envergure, réalisé néanmoins
par des mélodies détruisant les préceptes
musicaux habituels.
L’album
fourmille de lieux paradisiaques illustré par, là
aussi, une grande multiplicité d’instruments et une dose
non négligeable d’électronique.
Deux
disques à fleur de peau, et comme à l’accoutumée,
deux pochettes et livrets admirables.