Asian
Dub Foundation
Community Music par El CompulaFunkistador
Ils
sont forts ces Pakistanais,
Les Pakistanais, les Indiens, sont à l'Angleterre ce que les Algériens ou les Marocains sont à notre contrée. Une foule de types dont les parents sont arrivés dans le pays au cours de décennies de colonialisme ponctuées par une émancipation dans le sang et les larmes en dépit des efforts d'un Gandhi ou d'un Nehru. Toute une
collection de communautés riches de leur cultures, de leur religions,
tassées dans des quartiers peu riants, appelées aux tâches
les moins hypes d'une Angleterre d'après-guerre en reconstruction,
mais malgré tout figée dans son moule victorien. Le reggae et le punk fondu dans le tandoree des musiques élétroniques 90ies ça donne du dub électronique. Les vieilles recettes des sorciers jamaïcains fous se voient relevées de samples, de toutes sortes de boucles et de basslines servis uptempo par des racks d'appareils plus boutonneux qu'un adolescent. Curieux paradoxe de ce dub moderne qui voit des individus que la vieille Angleterre aurait volontiers expediés derrière une fraiseuse à l'usine, s'exciter derrière des montagnes d'équipements hi-tech. C'est le miracle de l'Asian Dub ; et plus particulièrement celui d'ADF, groupe né d'un projet social visant à démarginaliser les jeunes Indiens d'un quartier de Londres. Le projet est un succès puisque poussés par le label Outcaste (pionners de l'Asian Underground) ADF fait ses premières date, ses premiers DJ sets. Il faudra plusieurs années, et deux albums plébicités notament en France pour que d'ADF trouve une reconnaissance dans son pays. Tournées et coproductions avec PRIMAL SCREAM, engagements dans des causes publiques (soutien à Satpal Ram, injustement emprisonné depuis 15 ans) achèvent d'imposer ADF en Angleterre avec la re-sortie de leur second album rebaptisé "RAFI's revenge" (98). Aujourd'hui sort "Community Music", album auquel le New Musical Express accorde sa note maximale, 10/10, note qui n'avait pas été accordée depuis le "OK Computer" de RADIOHEAD (97). C'est la reconnaissance, par la presse spécialisée, de l'identité musicale d'une scène, trop longtemps réduite aux productions variétés pillant la culture indienne à grand coups de parties de sithar ou de tablas. Consécration amplement méritée puisque ce troisième album offre un groupe au sommet de son art, maitrisant un style au point de se l'approprier quasi-définitivement. Le dub d'ADF est devenu majeur, s'offrant des excursions éthniques de plus en plus larges hors du pré-continent. Le groupe
se risque avec bonheur à l'exercice instrumental avec des plages
resplendissantes où la production léchée sert une
écriture très éclairée. La richesse mélodique
et harmonique des compositions de "Community Music" est la
plus parfaite réponse à tous les détracteurs des
nouvelles musiques émergeant des méandres croisés
des courants World, Ragga, Punk, Jazz. Il faut
se précipiter sur "Community Music" car c'est un des
rares albums parfait miroir de son temps, fruit de la synthèse
d'influences aussi larges que séculaires. Les gars d'ADF regardent
derrière et autour d'eux pour fondre la musique d'aujourd'hui.
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