Une
Interview avec MIGALA
par Quentin Dève
SDEP:
Quelle est la relation que vous entretenez avec le temps, les saisons?
- Cf des titres tels que Diciembre 3 a.m, Asi duele un verano (C’est ainsi
que l’été peut faire mal), Cuatro estaciones...
Abel
Hernandez (chanteur): D’une certaine manière, les saisons sont
un moyen de mieux percevoir le passage du Temps, chose essentielle à
la fois dans notre musique et dans nos paroles. Je pense que l’on s’attache
à décrire ce qui est autour de nous au moment de l’écriture
et de l’enregistrement; nous parlons essentiellement du temps qu’il fait,
ou de choses d’apparence banale (comme des trains, ou des inconnus...).
Coque
Yturriaga (guitariste): C’est un peu étrange, mais parfois
la vie se résume à une seule saison. Parfois, une saison
représente votre vie. MIGALA parle des saisons parce que MIGALA
parle de sa vie. (notre vraie vie, nos rêves, nos espoirs, nos hontes,
nos fautes...)
SDEP:
A Benicassim, l’été dernier, le public espagnol semblait
être plutôt réticent à votre style musical.
Est-ce parce que vous chantez en anglais? Auquel cas, est-ce la raison
pour laquelle vous avez traduit les chansons en espagnol dans le livret?
A.H:
J’ai quand même vu quelques espagnols faire des mouvements de
tête, chantant et appréciant notre performance, même
s’il faut admettre que c’est rare. Nous avons notre public en Espagne,
mais je ne suis pas convaincu que Benicassim soit le lieu idéal
pour nous. Le fait que nos paroles soient en grande partie en anglais
est un réel handicap pour nous, et c’est effectivement ce qui nous
a poussé à traduire les paroles en Espagnol.
SDEP:
Si votre album était de la littérature, à quoi le
compareriez vous?
A.H: Je pense qu’il s’agirait d’une suite de poèmes (certains
très narratifs, d’autres très descriptifs) à lire
en tant qu’ensemble unique.
C.Y:
Comme souvent, c’est difficile voire ennuyant d’avoir à expliquer
son propre album, ses propres paroles. Doit-on vraiment le faire ? Je
pense que chacun doit créer sa propre histoire autour de chaque
morceau.
SDEP:
Vous avez été comparés à Leonard Cohen, Calexico,
Nick Cave, Tindersticks. Ecoutez-vous encore ces groupes et ont-ils exercé
une influence sur vous?
A.H: Nous avons écouté tous ces groupes, certains plus
que d’autres. Cohen est un père pour certains d’entre nous, il
est évident qu’il a écrit un paquet de magnifiques chansons,
mais ce n’est pas le cas des autres. Chacun de nous a une culture musicale
très éclectique. Nous adorons tous la bonne musique, mais
c’est vrai que Cohen est notre référence.
C.Y:
Vous seriez certainement surpris de savoir le genre de musique que certains
d’entre nous écoute. Nous avons quand même quelques groupes
en commun.
SDEP:
A l’écoute d’Arde, on a le sentiment que la voix a été
mise plus sur le devant de la scène, elle parait plus chaude. Comment
l’expliquez-vous?
A.H: Nous avons bien mieux mixé cet album.
C.Y:
Abel a raison. Nous nous sommes énormément investi dans
le mixage et dans l’enregistrement. Nous avons appris à mieux "produire",
et Abel chante de mieux en mieux.
SDEP:
Chaque morceau est évocateur d’images. A l’écriture reproduisez-vous
le processus inverse: souhaitez-vous une transposition de vos images personnelles?
A.H: Je pense. Nous aimons décrire des endroits, des images
ou des idées abstraites...pour nous dévoiler et pour nous
voir nous même. Il en est ainsi pour "The Whale", dans notre album
Asi duele un verano. MIGALA a ses propres codes.
C.Y:
C’est la principale richesse de MIGALA. Je pense que nous avons la
faculté de reproduire nos pensées intérieures grâce
à la musique.
SDEP:
Il est très difficile finalement de définir votre musique
(Post-folk, poésie, Post-pop...?). Comment vous définiriez-vous?
A.H: Une sorte de courant nouveau du 21ème siècle, mais
avec des penchants pour le rock classique et pour le folk. (Le folk que
décrit Darren Hayman d’Hefner: "musique reflétant le mieux
la réalité sociale"). On nous décrit habituellement
comme une sorte de standard hors normes ou comme faisant des chansons
classiques avec une atmosphère singulière.
C.
Y: MIGALA, c’est le meilleur MIGALA qu’on puisse faire. Vous pourriez
penser que ce n’est pas une réponse, mais croyez-moi, c’est la
meilleure réponse.
MIGALA -
Arde (acuarela/poplane)
Un disque très
bien noté par Soit dit en Passant, lisez
la chronique!
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MIGALAgraphie (non
exhaustive, LP only, sinon on s'en sort plus) :
- Arde
(2001)
- Asi
Duele Un Verano (1999) - buy
it !
- Diciembre,
3 a.m.
(1997)
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