Interview
des deux membres de TARWATER ,
21 Août 2002
Qu’est
ce qui est différent pour vous depuis l’album qui vous a vraiment
révélé (Silur) ?
Ronald :
Depuis Silur.Ah.c’était il y a bien longtemps. Je dirais que
nous avons appris à nous servir de mieux en mieux des instruments
acoustiques. Même si cette utilisation n’est pas nouvelle, nous
avons tâché d’approfondir les perspectives données,
notamment, par une guitare. Nous pensons que la dynamique de ce genre
d’instruments est particulièrement intéressante. Désormais
nous préparons de moins en moins nos morceaux, et nous jouons
de plus en plus.
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TARWATER
Ronald Lippok pris par Bernd Jestram |
Y
avait-il une idée créatrice spéciale pour ce
nouvel album ?
R :
Nous n’avions pas de réel plan ni d’idée conceptuelle.
En fait, cette album regroupe en quelque sorte les archives de Tarwater
depuis un an. Nous ne suivons pas le modèle habituel :
écrire les chansons, les enregistrer, puis sortir l’album.
Nos disques sont plus des travaux de longue haleine, qui reflètent
une période donnée.
Le
titre signifie ‘des habitants sur le palier’. Pensez-vous que cela implique
que vous alliez entrer dans une nouvelle phase ?
Bernd :
Nous verrons, peut être.
R :
Nous adorons les situations d’entre deux, les situations un peu mixtes.
Ici, les habitants en question , à ce moment donner, vous passer
de l’extérieur à l’intérieur. C’est ça qui
a motivé l’idée du titre.
B :
Cela dit, tu as raison, cela veut dire qu’il reste des paliers à
franchir.
Quel
genre de paliers voudriez-vous franchir ?
R :
Je pense que le concept de palier en lui même est discutable.
Franchir un autre palier ne signifie pas pour moi être un cran
au dessus, mais tout simplement être sur un autre cran.
L’idée
de développement musical, de progression, est quelque chose de
flou. Parfois, on a l’impression qu’on ne fera pas mieux que Silur,
et pourtant, nous apprenons perpétuellement de nouvelles choses.
A
chaque nouvel album, la partie de jeu vidéo recommence, et il
faut attraper les bonnes fraises et bananes sans tomber dans tous les
pièges tendus.
Est-ce
vous sur la pochette ?
R :
Non ce sont deux silhouettes errantes de deux autres personnes
Pourquoi
portent-elles des pistolets ?
B :
Es-tu certain que ce sont des pistolets ?
R :
ça pourrait être des pistolets, ou tout autre chose. Vu
comme ça, la pochette aurait un petit côté ‘gangsta’ !
B :
C’est le frère de Ronald, Robert, qui a fait la pochette :
nous apprécions beaucoup son travail. Il nous a montré
cette pochette, et même si nous étions surpris au départ,
nous l’avons adoptée
.Que
représente la matière grise vers laquelle ils se dirigent ?
R :
ça vient d’un dessin intitulé " les animaux
de la mer ", et ce qu’on voit là, c’est la queue d’un
de ces animaux. Je trouve que cette pochette crée un climat spécial,
et qu’elle se différencie de ce que la plupart des designers
font.
B :
robert dessine nos pochette quasiment depuis le début, et nous
aimons la variété de ses travaux.
Pourquoi,
la seule chanson chantée par une femme est la première
chanson ? En quelle langue chante-t-elle ?
B :
Elle chante en Norvégien
R :
Tone Avenstrup est une artiste qui réalise des performances à
Berlin, et nous la connaissons depuis longtemps. On lui a apporté
le texte, qu’elle a retravaillé en norvégien, et on a
écouté le résultat. Elle écrit aussi des
textes personnels que nous apprécions énormément.
Nous avions
travaillé avec elle sur notre tout premier album, et on voulait
remettre ça.
B :
On a choisi ce titre pour introduire l’album, parce qu’il permettait
une entrée en douceur dans le monde de Tarwater, dans ce nouvel
album.
Ce titre
ressemble d’ailleurs à du Piano Magic ?
R :
Ah !? Tu trouves? c’est drôle parce que nous avons travaillé
sur le dernier album de Piano Magic. Peut être cela nous a influencé
inconsciemment ! Et puis à y réfléchir, tu
as raison, il y a un côté Piano Magic dans ce morceau.
La manière
dont vous chantez est détachée, un peu robotique. Est-ce
volontaire ?
R :
En fait (sourire), c’est parce que ma voix est très limitée.
Lorsque nous avons commencé, le groupe devait être purement
instrumental ; et puis, un jour, on a essayé ma voix pour
voir le résultat sur la musique. A ma surprise, mon phrasé
convenait bien !
B :
Alors nous avons commencé à exploiter la voix en tant
qu’instrument à part entière. Ca nous permet de mieux
structurer nos morceaux, même s’il n’existe aucun hiérarchie
entre les instruments et la voix.
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TARWATER
Bernd Jestrampris par Ronald Lippok |
A part
Tone Avenstrup, vous avez collaboré avec d’autres artistes pour
cette album ; Comment cela s’est-il passé ?
B :
Niklas Addo faisait partie du Fela Kuti Band dans les années
70. J’ai joué sur deux morceaux pour son nouveau projet, et puis
on est devenu amis, et on se voit régulièrement à
Berlin ; il était logique pour moi de l’inviter sur Dwellers
on the threshold . Son expérience musicale, qui est très
différente de la notre, a été un vrai enrichissement.
R :
Stefan Schneider, lui, est un ami de longue date, et nous collaborons
régulièrement ; Lorsque nous lui avons demandé
d’enregistrer avec nous, il n’y donc pas eu de surprise et il est venu.
Comment
se passe votre propre collaboration au sein de Tarwater ? Vous
vous battez ?
R :
Ca va paraître ennuyeux mais non, on ne se bat jamais. On
ne s’engueule pas d’ailleurs on parle très rarement de musique,
et plus particulièrement de notre musique.
B :
Nous laissons libre cours à nos idées et on voit comment
ça s’imbrique.
Quel
est votre titre préféré sur l’album ? Lequel
conseilleriez-vous aux lecteurs qui ne vous connaissent pas ?
R :
1 ou 2 ?hum. Peut être 1985 ou Phin, que nous
avons enregistré avec Niklas Addo.
B :
J’y arrive pas, j’ai pas assez de recul sur ce qu’on fait. Mais si je
dois vraiment en dire une Now. Mais je ne répondrai pas
forcément la même chose la prochaine fois qu’on me demande
ça !
De quoi
est fait votre future ?
B :
Nous allons faire une tournée en Octobre, qui passer en France,
en Italie, en Angleterre.
R :
Nous allons faire la musique pour une pièce de théâtre
de Fassbinder.
Comment
adaptez-vous votre musique au théâtre ?
R :
c’est délicat, parce que nous devons jouer en regardant la pièce
se jouer sous nos yeux. Il faut être très réactif.
B :
cela nécessite une entente parfaite avec le metteur en scène !
R :
Nous aimons ça, parce qu’on nous impose des barrières,
qu’il faut franchir intelligemment !
propos
reccueillis par Quentin Dève : quentin@soitditenpassant.com
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