compte-rendu
FunkyElvis | compte-rendu Guillaume
Aahhhhhh, Saint Malo ! Son Fort, sa plage, ses galettes saucisses
(ou non), ses embouteillages… mais aussi son festival pour
lequel nous sommes venus pour la deuxième année consécutive
donc on en parle :
Vendredi : Brigitte Fontaine Superstar.
Même si La Plage nous avait plutôt séduite l’année
précédente, nous préférons garder nos
forces pour le Fort de Saint Père et surtout éviter
le Palais du Grand Large et la cohorte de fans transis venus se
recueillir (ou tomber amoureux) devant les Coco Rosie
qui nous avait profondément ennuyés lors de leur prestation
à la Guinguette Pirate.
Nous arrivons donc au Fort en avance et avons l’heureux hasard
d’assister à l’ "apéro avec Brigitte
Fontaine au bar VIP". Apéro qui se transformera
bien vite en conférence de presse au lieu habituel menée
par un curieux personnage à sacoche parlant un sabir étrange
proche de l’anglais (on en reparlera). Brigitte Fontaine,
en grande forme, couettée pour l’occasion, vient nous
vendre son nouvel album (à paraître en septembre) et
surtout nous faire rigoler.
Morceaux de Choix :
"Il est chouette mon bracelet, hein ? C’est une dame
qui l’a fabriquée elle même et me l’a
envoyée".
"Je me laisse pousser les cheveux pour ma santé mentale"
"La pochette de mon nouvel album est superbe. Quand vous
aller la voir , vous allez être verts !"
"En France, j’adore Mathieu M, Zebda…
Oui, Jim O’Rourke aussi"
"Je suis la reine de Kékéland mais je règne
: je ne gouverne pas".
On lui fait un petit coucou et on va vite rejoindre la meute de
nos amis journalistes qui arrivent pour l’apéro en
subissant Now It’s Overhead, qui dans la
grande tradition pop lyrique n’apporte rien de nouveau.
20h30, c’est l’heure de Beta Band
mais aussi du dîner ! En passant et repassant, on jette une
oreille sur le groupe qui joue une musique plutôt agréable
mais à laquelle on a du mal à accrocher. On apprendra
plus tard qu’il sont en instance de divorce. Ah Bon ?
Peu importe car les Kills déboulent sur
scène. Là on le sait depuis Primavera
2003 : l’ennui et le bourdonnement guettent au bout de
3 titres. On restera sagement donc 3 titres à regarder VV
et Hotel se livrer à leur parade d’amour aussi habituelle
qu’inutile et à maudire l’ingé son qui
ne se résoudra pas à baisser le volume sonore…
Beaucoup de bruit pour rien (selon la formule consacrée)
qui nous rappelle l’assourdissante prestation des Death
in Vegas l’année passée.
dEUS enfin. Autant la reformation des Pixies
m’a laissé froid (envoyez vos lettres d’insultes
à sdep.com ), autant celle de dEUS était
inespérée. Ils joueront un set correct alternant vieux
tubes (Suds and Soda, For The Roses..), nouveautés "pas
trop mal" et démontreront que dEUS c’est aussi
un bassiste, réincarnation belge (?!!) de Johnny Thunders
avec attitude et crachat-projeté punkissime. Un bon concert,
classe, qui dut beaucoup à la nostalgie. Petit agacement
: un public mou visiblement peu concerné par l’Evènement.
Barcelone, printemps 2003, souvenez-vous… L’événement
ce devait être le concert de LCD
Soundsystem dans la dite "grotte". Hélas,
des problèmes techniques avaient contraint le groupe à
jouer à plus de 5 heures du matin et les journalistes dépêchés
à user de moyens chimiques pour suivre et relater les faits.
L’alliance de ces deux problèmes avait laissé
un arrière goût amer et vaseux dans nos mémoires.
Bref, nous étions là pour vérifier si LCD
Soundsystem n’est pas, comme nous l’avions
vu, absolument nul sur scène. Le set s’est montré
énergique, beaucoup plus chanté qu’à
Barcelone, et les tubes étaient là cette fois : "I’m
losing my edge " et un "Yeah" final. Note :
bien, un peu longuet, et quelle incapacité à finir
un morceau ! !
RJD2, ne nous intéressant pas plus en live
que sur disque, nous prîmes la clé des champs et regagnâmes
notre mobil-home chéri.
Samedi : Chronique d’un ennui annoncé (ou
comme on le dit à sdep : "Mais.. vous n’aimez
rien ? !")
On l’avait dit samedi sera chiant ou ne sera pas. On loupera
donc volontairement la programmation chiantesque du Palais (où
êtes-vous donc passé ? Vous qui programmiez fièrement
Manitoba, Prefuse 73 et autre
Four Tet ?) pour déguster Nouvelle
Vague que tout le monde attend (environ 2000 personnes
sous le soleil cet après midi-là). Pas besoin de vous
raconter plus que ce que vous avez pu lire partout : nanas, guitare
gratouillée, bidouillages synthé (anecdotiques pour
le live..), reprises new wave. Une des nanas (un peu secouée
visiblement) se jette dans l’eau invitant le public à
les écouter de là bas. Set très agréable
et complètement de circonstance qui déchaînera
le public entraînant une standing ovation on the beach, ridicule
et complètement pas de circonstance ! A vous dégoûter
d’avoir applaudi..
On se dépêche pour filer au "Fort Saint Père"
découvrir les Flotation Toy Warning (travail
oblige). Si la chevelure et les vocalises du chanteur ont beaucoup
attiré notre attention, nous ne pouvons pas en dire autant
de leur musique qui s’étirait en langueurs et atermoiements
pendant que le batteur "casqué" semblait jouer
pour un autre groupe (qu’écoutait-il dans son casque
? Grandaddy ? Muse ?).
Nous abordâmes Lali Puna avec la même
appréhension que LCD la veille (rumeur de
mauvaises prestations, dernier disque que nous n’apprécions
pas..) La bande à Valerie Trebeljahr réussit à
nous captiver pendant tout son set peu électronique. Mais
la grande préoccupation du concert fut le rétablissement
de la généalogie de la famille Acher et de leur implication
dans les groupes de Morr Music. Quel boulot, le journalisme !
En parlant de journalistes… Alors que se profile le concert
de Air, une réunion au sommet fut organisée
par un gang de journalistes grenoblois. Au menu, vin, gâteaux-apéro,
et "mirabelle". Laissant un brainstorming concernant le
mariage, je pus profiter du concert de Air avec vue plongeante sur
un fort bondé de festivaliers comme à la messe. Set
carré, assez froids (leurs premiers mots ne viendront qu’après
le troisième morceau), mêlant différentes périodes,
terminant pas les énoooooormes tubes du premier album Sexy
Boy, Kelly watch the stars et en ultime rappel un La femme d’argent
qu’ils étirèrent "le plus possible pour
faire plaisir à [leurs] fans" (très mauvaise
idée). Plutôt un bon concert donc.
Puis vinrent les "maudits de la pop françaises"
: Phœnix. Nous laissâmes un journaliste
concurrent (popnews.com) sans galette et allâmes écouter
ces si honteux Phœnix. La "mirabelle"
aidant (ou non ?), le concert fut amusant et bon enfant. Des gars
en cuirs et en mèches, qui sautent partout (des clones de
Matthias de Dionysos ?), s’amusent avec le public, leur tendent
le mike, jouent des tubes (Run, Run, Run, et l’incroyable
If I ever feel better). Note finale : très bien, ces jeunes
américains !
TV on the radio, dont on nous avait dit le plus
grand bien se montrèrent… pas mal ! Pas de révélation
, pas de "nouveau croisement entre le gospel et le rock".
Mais un bon rock bizarre (avec quelques relents de Living Colour
mâtiné de post rock) pas très visuel malgré
l’allure étrange du guitariste et les efforts (nombreux)
du chanteur pour se montrer "habité".
1h55, il est tard mais on tient le coup car Peaches
est là et nous a promis "un show complètement
différent (comme) à chaque fois". Nous sommes
impatients car l’Happening à godemichés nous
avait bien plus dans la moiteur d’une certaine grotte, une
certaine nuit de printemps, à Barcelone donc, n’apprendrez
vous jamais ! !
Oulala, comme disent les Français, quelles nouveautés
! ! Ce n’est pas moins de trois nouvelles guitares qui défilèrent
le temps d’un morceau chacune (dont une Flying V qu’elle
lécha "comme dans un Kiss Show" précisa
t-elle). Oulala quelle audace ! deux donzelles à barbe et
à godemiché se secouent leurs engins artificiels sur
les injonctions de l’artiste canadienne : " Shake your
Dicks !". Terrible.. mais lassant : Peachus interromptus.
Dimanche : Après moi, le Déluge.
Cette fois, on ne loupe pas le Palais du grand Large pour y voir,
pour le troisième ou quatrième fois cette année,
le grrrrrrand Christian Fennesz ; le dieu du laptop
et du bruit. C’est d’ailleurs la première fois
qu’on le voit en solo, sans projet particulier autre que celui
de jouer ses propres morceaux. On reconnaîtra deux ou trois
morceaux (dont un inédit) de son dernier album Venice, assez
perturbés par ses traitements sonores, des voiles de bruits
recouvrant ses maigres mélodies. Il joua même de la
guitare (chose de plus en plus fréquente lors de ses concerts)
plus par amusement que par réelle nécessité
mélodique. Difficile de décrire un concert de Fennesz
tant cette musique repose sur l’expérience et l’émotion.
La beauté de la pop, l’énergie du punk : la
grande classe !
Ah oui, sinon il y avait aussi Murcof qu’on
aurait préféré écouter à la maison
(plus confortable que le sol du Palais).
On pourrait rentrer se coucher mais il nous reste la dernière
soirée au fort de Saint Père et son invitée
exceptionnelle que tout le monde (aurait dû) attend(re) :
la pluie.
C’est donc bottés et armés d’hideux ponchos
de pluie (dans les sacs) que nous courrons voir Mojave 3
(les embouteillages nous ont fait perdre un temps précieux
occupé à papoter de l’incomparable finesse de
l’épée sur le fleuret. Ou l’inverse).
Plutôt envoûtants, les deux titres que nous eûmes
la chance d’entendre nous laissèrent imaginer la qualité
de la prestation.
On laisse rapidement la scène à la fin du concert
pour écouter la bonne parole de Fennesz,
toujours "interviewé" par le mystérieux
homme à sacoche qui après avoir été
choqué (et un peu émoustillé, le coquin !)
par la traduction des propos de Peaches la veille,
se croyait obligé (comme les deux premiers jours d’ailleurs)
de traduire en français les propos anglais que tenait la
star autrichienne devant un maigre parterre de journalistes qui
connaissent leur métier et leur Harrap’s sur le bout
des doigts. Merde ! Pour qui nous prend-t-on ! !
Vite, vite, on redescend voir Girls in Hawaï vite
fait. Oui, bon… bah c’est pas mal mais ça casse
pas des briques. On va donc manger un morceau à l’extérieur
(comme on a des passes, on peut entrer et sortir comme on veut,
malin, non ?) avec vue sur la scène et la pluie qui
se met à tomber (on s’en fout, on sort les ponchos-moches,
pis c’est tout !). Grosse averse et sandwich frites.
Ca se calme pour le début de Blonde Redhead
qui nous fit aimer les morceaux de son dernier album avec un set
plus que correct sous la pluie battante avec vent de côté..
Moins sec et énervé (voire énervant) que leurs
trois premiers albums, moins enluminé et arrangé que
leur dernier album, leur set resserré autour de leurs simples
compositions s’avèrent particulièrement efficace.
Pendant que sur scène, le groupe s’échine à
jouer comme si de rien n’était essuyant leurs instruments
de temps en temps, dans la fosse chacun s’abrite comme il
(ou elle) peut : sac plastique à la mode grenobloise, parapluie
"éborgneur" à la mode parisienne, casquette
Lourdes pour les plus pieux…
C’est alors, que le concert s’arrête pour laisser
place à un Camus de la Route du Rock nous annonçant
(presque) la mort dans l’âme que le concert est suspendu
voire annulé en raison de… patati patata...
Minutes d’attentes, fières promenades en bottes dans
l’espace VIP à jamais séparé de la scène
par un ruisseau de boue (certains diront : "bien fait !"),
retrouvailles avec des amis (journalistes, ou non d’ailleurs)
encore vivants, plans de batailles et de retraites…
La Route du Rock 2004 va t-elle s’arrêter là
? Va t-elle laisser sur le bord du chemin, plusieurs milliers de
personnes venues de toute la Bretagne (et d’ailleurs) voir
Dionysos ? non, mille fois non, car en ce
dimanche marial et papal, les Dionysos vont monter
sur scène pour braver Zeus et sa foudre d’ampères
(et surtout monter sur tout ce qu’il y a de métallique,
notamment la pauvre petite Louma qui traînait là).
Beaucoup d’énergie et d’ennui devant ce ratata
manga-électrique à la sauce slamming pumpkins. On
s’ennuie ferme mais comme on a juré de rester durant
TOUT le concert de Dionysos…
Blues explosion finira le travail de labour commencé deux
jours plus tôt par les Kills et nous quittâmes
le fort, en pépères qui en ont plein les bottes…
BILAN :
Joies : Fennesz , Mojave 3.
Bonnes surprises : dEUS (mais limite déception
quand même), Lali Puna, Phoenix,
Blonde Redhead, Air (!!).
Déceptions : Beta Band, LCD Soundsytem
(mais limite bonne surprise quand même),
Echecs attendus : The Kills (vainqueurs absolus),
Peaches, Flotation Toy Warning,
TV on the Radio
On n’en parle pas/ il ne faut pas (plus) en parler : RJD2,
Now it’s overhead, Troublemakers,
Blues Machin.
A l’année prochaine ! |