compte-rendu FunkyElvis
| compte-rendu Guillaume
La réussite d’un festival tient à peu
de choses. Assurer une programmation homogène et variée
sans faute de goût en fait partie. Mis à part les calamiteux
Flotation Toy Warning, complètement à côté,
pas d’incident majeur à déplorer du côté
du Fort de Saint-Père cette année.
Le premier soir est dominé par dEUS, depuis
longtemps absent, et c’est comme s’ils n’étaient
jamais partis. Les Anversois enfilent les perles et enchaînent
avec Astropolis et vive la fête à Brest. Sans nous
car le programme malouin est déjà chargé :
les sensations de la saison dernière The Kills
et LCD Soundsystem s’en sortent finalement
pas mal, même si la vanité du duo brittanico-ricain
est éclaboussée par la classe de dEUS
dans l’acte suivant, et si l’orchestre dance de James
Murphy souffre de la colossale mégalomanie de son
leader, se sentant obligé de pousser une chansonnette clairement
superflue, aussi lourdingue que cette phrase est interminable.
Pour l’après-midi, le Palais du Grand Large est voué
aux prestation plus décalées. Il se fait pourtant
trop petit pour Laura Veirs. Tant pis, on va voir
ailleurs Nouvelle Vague, ou comment mettre à
profit des années de pratique de la guitare au coin du feu
pour amuser les potes en jouant des vieux tubes. Les chansons, moins
arrangées que sur disque, sont interprétées
avec une simplicité qui sied finalement tout à fait
au cadre : au pied des remparts, dans la torpeur d’un après-midi
breton, la plage de Saint-Malo dispute la palme de la coolitude
à celle de Benicasim. En featuring, deux des chanteuses de
l’album, dont Camille "Paris tu paries (que je te quitte)"
et son désormais fameux zest de citron dans le ciboulot,
courra piquer une tête à la vitesse d’un cheval
au galop pendant un Too drunk to fuck façon Dead Pompidous.
Le soir c’est Phœnix, meilleur que
prévu, et la sensation TV on the radio qui
attirent notre attention, avant Peaches et son
show éculé. Après qu’elle a démontré
qu’il y a une fine ligne entre génie et grotesque,
tout le monde est désormais persuadé que la Canadienne
se plante. Dommage, d’autant qu’elle nous a avoué
laisser "les jolies chansons d’amour" à son
ancienne co-troupière Feist. Plus rien à attendre
donc de l’ex-phénomène en vinyl rose.
Le lendemain, ce Palais enfin accessible permet de nous abriter
d’une pluie alors naissante. A l’intérieur, c’est
dans une parfaite réponse à la météo
que la musique de Fennesz envahit l’espace.
La nonchalance du début du set laisse la place au conflit
bruitiste, mais c’est toujours un immense souffle de liberté,
uniquement possible à atteindre en solo, même si jouer
en ensemble "permet de continuer si l’ordi plante",
dira l’intéressé. Le spectre est si large qu’il
permet plusieurs niveau d’écoute : là où
certains spectateurs resteront dans la tension, la recherche, d’autres
peuvent profiter de la musique de l’Autrichien pour faire
la sieste et c’est très bien comme ça.
La prophétie "Tous à poil à Saint-Malo
" (voir édition précédente)
était plus que de rigueur ce dimanche, les vêtements
trempés jusque dans la fibre devenant vite notre pire ennemi
quand des trombes s’abattent au-delà de la capacité
imperméable de notre équipement. L’over-crachin
nous fait baisser les bras, rentrant se sécher après
le facile triomphe de Dionysos mais avant l’entrée
en scène de Jon Spencer, puis celle des Troublemakers, apparemment
rejoints une fois de plus par le magique flûtiste Malik, tant
pis pour nous.
La Route du rock peut s’enorgueillir d’accueillir des
artistes rares et précieux (dEUS, Fennesz),
et des types dont on parlera plus dans quinze jours mais qu’il
fallait avoir ici et maintenant (Nouvelle Vague…).
Pas de grand écart comme d’autres festivals peuvent
souffrir, tiraillé entre ambition artistique et contraintes
commerciales : Air et Dionysos
font leur boulot de locomotives, certes un peu fades mais pas (trop)
putassières.
Enfin, cette humble feuille ne saurait être complète
sans rendre l’hommage qui est dû au héros des
éditions précédentes, l’immense Capitaine
Saucisse, dont l’absence est à déplorer
depuis l’an dernier. On est toujours sans nouvelles. Cap’tain,
où que tu sois, tu nous manques. |