SDEP Labels - Aesthetics

Un label sans qui la musique ne serait pas ce qu'elle est devenue: Aesthetics

(par Quentin)

Esthètes de la splendeur

A l’occasion de l’arrivée officielle du label américain Aesthetics, enfin distribué correctement en France par Chronowax, retour sur une histoire déjà riche à travers un petit tour d’horizon des sorties du label depuis sa création.

Ce qui est surprenant, c’est la diversité offerte dans les choix musicaux de cette maison de disques atypique, qui a réussi à défendre avant tout la qualité. Comme ci l’estampillage « Aesthetics » était un gage d’excellence et de pureté, une sorte d’Appellation d’Origine Contrôlée.

Un soin particulier est apporté au design même de chacun des disques. Tous, sans exception, sont emballés dans des sublimes pochettes cartonnées qui retiennent l’attention.

Voici donc une sélection chronologique et non exhaustive des références du label :

Isotope 217
Commander Mindfuck/Designer
EP (réf. 6)   

Isotope 217 est un collectif regroupant des anciens membres de groupes comme Tortoise, The For Canation, Tranquility Bass… Un mot d’ordre : laisser libre cours à leurs inspirations ; c’est pourquoi les improvisations sont au centre même de leur musique. Ils retravaillent ensuite le tout en studio, ajoutant des sonorités, des samples et des instruments avec un savoir faire évident.

Le résultat est improbable : un face à face entre free jazz et electronica, repoussant les frontières de l’imaginatif humain.

   

Icebreaker
Distant early warning
(réf. 9)

Le duo anglo-américain prouve ici qu’un disque conceptuel peut s’avérer phénoménal. Le nom de l’album correspond à un système de radars géant (dispatchés entre le Canada et l’Alaska) construits pendant la guerre froide pour alerter l’OTAN de toute attaque nucléaire soviétique passant par le pôle nord. Bien que plus ou moins à l’abandon, ces radars sont toujours opérationnels.

Rebaptisés Icebreaker International, Simon Break et Alexander Pearls se sont émancipés de leur groupe précédent : Piano Magic. On retrouve une musique exclusivement instrumentale, lunaire et mystique. On à l’impression de survoler un paysage virtuel à travers une navette Soyouz en position pilote automatique. De l’orgue funeste de Co-prosperity sphere aux claviers cinglés de Supply lines/ The track north, le groupe lutte pour la primauté d’une musique atmosphérique difficilement identifiable mais emplie d’un gaz spécifique qui placerait l’auditeur en centre des morceaux.

Un must-have pour tous les explorateurs d’évasions épiques et de sensations musicales.

 

Pulseprogramming
s/t
(réf 15)

Voilà le disque dont Labradford et Stars of the Lid doivent être jaloux. Pulseprogramming, issu d’une collaboration entre des musiciens et des artistes multimédia, s’attache à créer une musique inquiétante, variant autour d’un fond sonore s’apparentant à un vent qu’on devinerait au loin. On retrouve la même habileté qui existe chez les Stars of the lid, à la différence que les variations offertes sur ce disque se greffent plus facilement aux climats crées par le groupe. Des crissements aigus traversent ce disque à la beauté aquatique, à l’instar de l’effroyable Geometry.

There aren’t, there won’t, there isn’t, there will never be parviennent à défier toute concurrence en matière de chaos. Un disque fait pour vous accompagner dans un sommeil agité.

 

L’altra
Music of a sinking occasion
(réf 8)

Le premier album de L’altra est incontestablement un des meilleurs en matière de pop minimaliste. Les voix de Lindsay Anderson et de Joseph Costa s’accouplent sur des compositions nostalgiques, ou de simples notes de piano (lips move on top of quiet), de guitares ou de violons jouent avec notre âme.

Essayant en permanence de convaincre l’auditeur de ne plus penser qu’à sa  musique, le groupe supplante ses maîtres (Bedhead, Low) dans l’art et la manière de don de soi dans l’évocation sonore.

Des paroles poétiques se posent délicatement sur cette musique fragile. « You build your walls, I watch them fall… » (Tu construis tes murs, je les regarde s’effondrer) Un bonheur.

 

Daniel Givens
Age
(réf. 12)

Musiciens, photographes, écrivain, DJ… Daniel Givens touche à tout et a un CV bien remplis, puisqu’il a collaboré avec Tricky, Goldie, Dub Syndicate et biens d’autres.  Entre slam, hip hop, beats, improvisations et délires organiques, Age est un disque indélimitable et jouissif. Violoncelles, bruitages débiles, chants en rupture avec la musique, guitares lancinantes, tels sont quelques uns des éléments de ce génial disque fourre-tout.

Je vous conseille vivement ce disque pour son originalité, sa générosité, sa fraîcheur, sa pochette, sa sincérité. Une des toutes meilleurs productions du label.

 

33.3
Plays Music
(réf 16)

Encore un exemple de somptuosité chez Aesthetics, peut être le meilleur exemple. Une musique instrumentale simple mais à pleurer. Au royaume de l’instrument roi, il y a ici plusieurs monarques : le violoncelle, la trompette, la (double)basse. Parfois très jazz (Oval Cast as circle) parfois plus proche du classique, Plays Music contient un morceau d’une rare beauté : An evening Park Slope.

Que dire de plus si ce n’est que 33.3 invente jour après jour l’avenir du jazz.

 

Voir aussi les chroniques de :

  • L’altra, In the afternoon (réf 25)
  • Windsor for the derby, The emotional rescue LP (réf 24)
  • Hood, Cold House (réf 17) (distribué aux E.U. par Aesthetics)
  • Pour les sceptiques, une compilation est là pour vous convaincre : "Compiled" (réf. 20)

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