Vendredi, 1^er jour, Carling stage.

Et bien Chan Marshall n’a pas changé. Je pouvais croire que depuis la dernière fois (fin 98) que je l’avais vue jouer, elle se serait réconciliée avec ses musiciens, aurait fini ses chansons, aurait assumé d’affronter un public, … Non.

C’est donc seule qu’elle monte sur scène, et seule qu’elle la quittera, malgré l’installation d’une batterie, et d’un autre micro. Son groupe attendait-il dans le coin ?

Armée d’une seule guitare, elle interrompt les premières chansons pour réclamer plus de retour, moins de lumière, … et remplace la fin, ou le milieu, le début, on ne sait plus, par des "sorry, sorry!". Puis finalement se cache derrière ses cheveux et un rideau de lumière rouge. Souriante pourtant, les chansons s’enchaînent sans pause, chez Chan Marshall les silences sont placés à l’intérieur, et non pas entre les morceaux. Suite donc d’ébauches de compositions, de mélodies fragiles placées sur un accord unique et linéairement répété, et probablement souvent d’improvisations. Les introductions et clôtures se fondent entre elles, le public doit tendre l’oreille et surtout respecter un silence religieux pour entendre et comprendre les transitions fragiles.

Et pourtant il y a cette voix, qui excuse tout ou presque, prête à déraper mais toujours juste, capricieuse mais si attachante, qu’on voit parfois avec plaisir prendre de l’assurance, et qu’on craint pourtant souvent de voir s’éteindre, emportée par un coup de vent capricieux.

Au delà du troisième rang le public peut difficilement rentrer dans la confidence, et apprécier les cadeaux émouvants que Chan Marshall accepte de nous dévoiler.

Alors on se dit que c’est comme un secret partagé par peu, et l’on imagine toutes les merveilles que pourrait donner cette voix si elle s’imposait de se discipliner dans des compositions plus construites, et d’oser montrer ses merveilles en public. Mais ce serait peut-être tuer le mystère…