Fallait pas courir comme ça

Surprenante prestation des Canadiens : on les avait vus éblouissants la semaine précédente à la Route du Rock, où ils avaient enchanté un public désireux de se défouler enfin les jambes sur quelque chose de bêtement rock’n’roll. Ils avaient alors brillé, explosé, éclaboussé avec des tubes new-wave/garage que tous, y compris ceux qui ne connaissaient pas, reprenaient en chœur, faisant voler les gobelets de bière et soulever l’abondante poussière bretonne.

La barre aussi haut placée, on en attendait donc autant aujourd’hui. Le public est toujours aussi demandeur (même si le bon vrai rock qui fait bouger la tête est moins rare a Leeds qu’a la Route du Rock) mais si le set est plus ou moins le même, on les sent tout de même très fatigués ; Steve Bays, chanteur charismatique serré dans son jean et à la voix euphorisante, ne parcourt pas autant la scène en bondissant ; le guitariste, blafard, ne tourne plus du tout rond sur lui-même. Cette baisse de forme s’entend aussi beaucoup trop sur les morceaux : les fautes et décalages de rythme sont de plus en plus perceptibles. C’est l’enthousiasme du public réuni en nombre sous la grande tente qui les fera tenir et dépenser sans compter leurs dernières ressources énergétiques, si la fatigue l’alcool que sais-je encore les privent de leurs pleines capacités, c’est néanmoins avec tout leur cœur qu’ils enchaînent frénétiquement leurs bolides rythmiques, dont ‘Bandages’ un peu bancal mais tout de même très réjouissant. Si le guitariste ne tourne plus rond sur lui-même, il ne nous privera pas pour autant d’ellipses chancelantes.